Lynx et élevage
Les attaques de lynx sur des troupeaux domestiques sont rares, même dans les zones où les animaux sont facilement accessibles au lynx. Néanmoins, il peut arriver que le lynx attaque des animaux d'élevage de taille moyenne, lorsque ceux-ci ne sont pas protégés par une clôture électrifiée. Des animaux comme les bovins ou les chevaux ne sont pas menacés par le lynx, du fait de leur grande taille et de leur capacité à se défendre.
Vous trouverez un document d'information pour les éleveurs, sur les mesures de prévention et les contacts en cas de suspicion d'attaque de lynx sur le territoire des Vosges du Nord >>ici.
Cas d'attaques d'animaux d'élevage dans la forêt du Palatinat
Depuis les premières réintroductions en 2016, neuf attaques de troupeaux domestiques ont été recensées. Pour quatre de ces incidents, il s'agissait de brebis ou de chèvres. Pour les autres cas, ce sont des daims et des cerfs élevés dans des enclos qui ont été attaqués. Durant l'année 2020, le lynx Alfi s'est introduit dans trois différents enclos à gibier. Après la mise en place de mesures de prévention, il n' a pas eu de nouvelle attaque.
Les premières attaques sur troupeaux d'élevage ont eu lieu à l'automne 2016 dans la vallée du Schwarzbach à Leimen. La première attaque concernait deux chèvres d'un parc, qui avaient été tuées et totalement consommées. Quelques semaines plus tard, dans cette vallée, ce sont des agneaux du même éleveur qui ont été attaqués. Pour les deux attaques, c'était le jeune lynx Lucky qui en était l'auteur. Au total, 13 animaux ont été indemnisés, compte tenu que pour 7 animaux disparus et une chèvre blessée puis décédée, la responsabilité du lynx n'a pas pu être exclue. Pour les deux cas, l'enclos n'était que partiellement fermé, une rivière servant de limite d'un côté du parc. Pour un lynx, une rivière ne représente pas un obstacle. Des mesures de protection ont été subventionnées et mises en place.
En automne 2018, une nouvelle attaque a eu lieu dans la vallée du Schwarzbach sur le même troupeau de chèvres, mais cette fois-ci, c'est le lynx Juri, originaire de suisse et lâché en mars 2018, qui en était l'auteur. Deux chèvres avaient été retrouvées mortes et une autre blessée, mais qui a pu être soignée. L'enclos n'était pas totalement clôturé. Comme il n'était pas possible à ce moment de sécuriser correctement ce parc, le troupeau a été déplacé par précaution.
La quatrième attaque a eu lieu en mars 2019 dans le district du Donnersberg, les analyses ADN révélant qu'il s'agissait du mâle Alfi, lors d'une excursion. Un agneau a été tué et un autre a disparu. Les animaux se trouvaient dans un enclos qui n'était pas électrifié. L'éleveur a été indemnisé pour les deux animaux, comme le prévoit le Plan de Management du Lynx en Rhénanie-Palatinat.
Des attaques dans des enclos à gibier, des élevages de daims et cerfs, ont eu lieu pour la première fois dans le Pfälzerwald en 2020. Dans un enclos situé à Heltersberg, un daim et un jeune cerf ont été retrouvés morts en février 2020 et présentaient les indices typiques d'une prédation par le lynx. Grâce à des pièges photos, il a été démontré que le lynx en question était "Alfi". L'enclos était clôturé avec une clôture classique. Les poteaux de bois utilisés pour de telles clôtures sont des points d'entrée potentiels pour le lynx. Pour sécuriser un tel enclos et éviter de nouvelles attaques, l'électrification de la clôture est préconisée, le coût du matériel étant subventionné à 100% selon le Plan de Management du Lynx en Rhénanie-Palatinat. Compte tenu que les lynx franchissent généralement les clôtures en grimpant, plusieurs fils électrifiés sont placés au-dessus du grillage et fixés aux piquets. Pour la mise en place de ces mesures de protection, l'équipe Lynx de la Fondation Nature et Environnement de Rhénanie-Palatinat, ainsi que le réseau de bénévoles de l'association "Luchs Projekt Pfälzerwald/Vosges du Nord" viennent prêter main- forte à l'éleveur. Cependant à cause des mesures de restriction liées à l'épidémie de Coronavirus, les travaux sur l'enclos concerné n'ont pas pu être conduits aussi rapidement que souhaité. Avant que la sécurisation de l'enclos n'ait été terminée, une nouvelle attaque de lynx a eu lieu, faisant une victime. D'autre part, avant ces attaques avérées de lynx, des animaux morts, pour lesquels une expertise n'était plus réalisable, avaient été retrouvés dans cet enclos. Au total, cet éleveur a été indemnisé à 100% pour la perte de 5 animaux pour lesquels la responsabilité du lynx était avérée ou non-exclue.
Peu de temps après, en fin mars, Alfi s'est introduit deux fois de suite, dans un autre enclos à daims situé à Trippstadt et à tué deux animaux.
La dernière attaque a eu lieu en septembre, dans un enclos à gibier à Clausen, où un daim a été tué par le lynx Alfi. C'est une analyse ADN qui a permis de confirmer la responsabilité d'Alfi. Par la suite, deux autres animaux ont été retrouvés morts dans l'enclos par l'éleveur. Les causes de la mort n'étaient alors plus identifiables, mais compte tenu de la proximité avec la date de l'attaque, ces animaux ont également été indemnisés. Ces deux enclos ont été électrifiés et l'éleveur indemnisé à 100% conformément au Plan de Management du Lynx en Rhénanie-Palatinat.
Au courant des quatre premières années (1er août 2016 - 31 juillet 2020) qui ont suivi le début du projet de réintroduction, environ 4 700 € ont été attribués pour des mesures de compensation, et près de 7 800 € pour des mesures de prévention. Après la mise en place des mesures de prévention sur les zones concernées, il n'y a pas eu de nouvelle attaque sur ces sites.