La représentation du Lynx dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord
L’étude attache une attention toute particulière aux rapports que les chasseurs entretiennent au lynx et à sa réimplantation dans les Vosges du Nord. Ce choix se justifie au regard de l’influence de ce groupe social dans la gestion de l’espace rural. En effet, dans des territoires ruraux fragilisés, la location des baux communaux de chasse constitue encore un revenu d’importance (Ballon, Ginelli, Vollet, 2012). Ces enjeux « politisent » le rapport au lynx et nous invitent à questionner les représentations sociales qui constituent la relation à l’animal et plus généralement à la nature. Nous partons de l’hypothèse que la relation aux grands prédateurs renvoie à la question du monopole de l’usage cynégétique du territoire par les chasseurs (Raison du Cleuziou, 2006). Du point de vue de ce groupe social, la réintroduction du lynx peut remettre en cause la culture du « gibier » et peut être perçue comme une perte de la maîtrise de l’espace (Raison du Cleuziou, 2007).
D’un point de vue méthodologique, nous partons de la réalisation d’un inventaire (pas nécessairement exhaustif) des chasseurs sur le territoire des Vosges du Nord, afin de caractériser les pratiques de chasse (chasseur local ou extérieur au territoire, taille des lots, pratique régulière ou occasionnelle…). Nous souhaitons notamment décrire la « configuration socionaturelle » (Wintz, 2009) dans laquelle les groupes de chasseurs se situent. Cela revient à décrire les formes d’appropriation symbolique de l’espèce à travers laquelle l’acteur ou un groupe d’acteur se sent dépositaire d’un usage ou d’une représentation. Pour chacun des groupes de chasseur identifiés, nous pourrons ainsi décrire la « part de naturel » qu’ils sont prêts à accepter dans leur pratiques.